Gilbert le Bienfaiteur

 

En 1984, à l’occasion d’un voyage au Mexique avec une voisine italienne qui va rendre visite à son frère prêtre missionnaire à Usila, petite bourgade isolée de la Sierra Madre de Benito Juarez, Gilbert tombe sous le charme de la région et de ses habitants. Un véritable coup de foudre pour ces Indiens Chinanteco confrontés à la misère quotidienne.

            - Il n’y avait ni route, ni téléphone, ni TV, dit-il. J’ai décidé de les aider et j’ai promis de revenir.

Ce sera fait en 1989. Gilbert et sa famille (son épouse Dominique, sa fille Isabel de 9 ans et son fils Sébastien de 4 ans) s’installent sur place pour une année. Le début d’une véritable aventure humanitaire au profit de ces populations deshéritées et défavorisées de l’Etat de Oaxaca. Suite à un reportage du journaliste Gilbert Pidoux dans 24 Heures, les fonds affluent sur un compte ouvert par un ami lausannois. Plus de cinquante mille francs seront ainsi récoltés par cette petite ONG familiale, qui permettront de faire opérer et soigner de nombreux enfants victimes de malformations ou autres pathologies.

 - Ces gens sont totalement démunis et les interventions chirurgicales coûtent cher, surtout les frais annexes, la nourriture, l’hébergement, car rien n’est pris en charge, précise-t-il. De plus, il faut se rendre à Mexico, à six cents kilomètres. Cela représente 15 kilomètres à pied pour prendre une barque, puis 2 heures de bâteau et 1 heure de bus jusqu’à Tuxtepec, la ville la plus proche, à 90 kilomètres. De là, encore 8 heures de bus jusqu’à Mexico et sur place 1h30 supplémentaire en taxi jusqu’à l’hôpital !

Une aventure émouvante que Gilbert et son épouse mènent depuis trente ans. Au programme, aide directe à la population mais aussi construction d’un dispensaire, création de puits, entre autres actions. Chaque année le couple est retourné à Usila entre trois et six semaines. Il a aussi envoyé un container d’habits, récolté et fait parvenir plus de huitante fauteuils roulants usagés pour les personnes handicapées.

            - Gilbert s’est investi à fond, c’est son truc, précise Dominique. Sur place, on loge chez des amis, dans une petite pièce, au coeur du village. Les gens viennent le voir. Ils lui apportent des poules, des œufs. Chacun vient plaider sa cause, lui expliquer ses problèmes.

Cette année, elle l’a laissé partir seul mais lui a offert le prix du voyage pour leur quarante ans de mariage. Un cadeau d’anniversaire qui témoigne de leur complicité dans cette entreprise familiale totalement désintéressée et qui va fêter ses 25 ans d’existence.

            - Il y a beaucoup de personnes qui nous aident en Suisse. Seuls on ne pourrait rien faire, ajoute Gilbert. Maintenant on pousse sur les bourses d’études. Je connais tous les jeunes dès 10-12 ans jusqu’à 24-25 ans. Je leur dis : « Mon plus grand succès, c’est que vous réussissiez vos études ». On a déjà pu former deux avocats, des infirmières, des comptables, des instituteurs et il y a des étudiants en médecine. De plus, maintenant il y a une route, Internet et les portables. Ca change la vie. Je reçois des e.mails avec les résultats des études. Chaque fois ils m’attendent impatiemment !

Apéritif : Un petit coup de blanc
Entrée : Pâté fait maison et salade
Menu :

Aiguillette de boeuf au pinot noir et romarin

Jambon fumé campagne maison

Légumes du soleil

Gratin dauphinois

Dessert : Salade de fruits et café

 

Une belle histoire que Gilbert Bischoff (63 ans), le champion vaudois au grand cœur, écrit inlassablement, avec ses qualités d’humaniste et de Bon Samaritain, entre l’abbé Pierre, Mère Teresa et St.Vincent de Paul. Un parcours rare qui méritait bien cet hommage.

Bertrand Duboux, 27.8.2014